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Le bien-être du cheval : conseils de Michel Robert et Marie-Elise Colle

Mots-clés
HABG2, bien-être du cheval, bien-être animal, soins du cheval, santé du cheval, harmonie cheval cavalier

 

Nous sommes tous préoccupés par l’avenir de notre planète et conscients de la nécessité de respecter la vie sous toutes ses formes. Pour nous, cavaliers, le bien-être de nos chevaux est devenu une priorité, quelles que soient les activités que nous pratiquons avec eux. Qu’ils s’agissent de sport, de loisir, de spectacle, ou autres, comment les faire participer dans le respect de leur santé, de leur confort et de leur bonheur. Voici le thème qu’on choisit d’évoquer Michel Robert et Marie-Elise Colle, notre consultante spécialisée dans la préparation physique du cheval. L’objectif est de vous faire part de leurs expériences pour mieux comprendre les chevaux et améliorer leur bien-être mental et physique au quotidien.

Le bien-être du cheval : Episode 1

Michel Robert
Je ne fais pas vraiment de différence entre les chevaux et les humains. Notre préoccupation est de comprendre comment les conditions de vie des uns et des autres peuvent s’améliorer.

Marie-Elise Colle
Le bien-être animal fait partie de notre vision du cheval. En ce qui concerne la compétition, nous sommes vraiment très heureux de voir des chevaux heureux de rentrer en piste et fiers d’avoir réussi leur parcours.

Michel Robert
Oui et qui sortent de piste joyeux d’avoir donné le meilleur d’eux-mêmes. Les chevaux sont des être très intelligents, autant que les humains, mais à leur manière. Ce qui conduit certaines personnes à penser le contraire, est juste lié à de la méconnaissance de la psychologie du cheval. Effectivement, c'est une question de compréhension mutuelle. En tant que cavalier, soigneur, ou autre, il appartient à chacun de comprendre le langage du cheval.
Je peux dire que d’une certaine manière les chevaux me parlent. C’est en observant attentivement tous les signaux qu’ils nous envoient que je parviens à comprendre leur langage. Dans mes leçons, il m’arrive très souvent de dire à l’élève : « Ton cheval me dit qu’il ne comprend pas pourquoi tu fais ceci ou cela ». Et dès que le cavalier rectifie sa façon de faire, on voit le cheval pousser une grande expiration en signe de compréhension. Il ne s’agit pas de tout changer, mais chacun doit faire l’effort de décoder les signaux en provenance du cheval, quelle que soit l’activité qu’il pratique.
Comme nous, les chevaux cherchent leur raison de vivre. Certains veulent faire de la randonnée, d’autres des courses, d’autre de la compétition. Un cheval de sport a envie d’utiliser au maximum son potentiel pourvu que l’on fasse l’effort de comprendre ses besoins physiques et mentaux.
Si on leur apporte cette raison de vivre, cette joie, ils s’épanouissent pleinement dans leur quotidien. Bien sûr, il faut fournir des efforts, mais comme nous, ils sont capables d’éprouver de la joie lorsqu’ils ont réussi à surmonter des difficultés.

Marie-Elise Colle
Je pense que les chevaux ont une vraie intelligence émotionnelle. Ils sont capables de capter beaucoup d’informations au travers de notre comportement. Cette communication non-verbale, nous l’avons perdu en nous éloignant de la nature. Mais si nous sommes suffisamment à l’écoute des chevaux, nous pouvons la retrouver pour améliorer la compréhension et mieux vivre notre relation avec eux et tous les êtres qui nous entourent.

Michel Robert
Les chevaux ont bien voulu rester à nos côtés, acceptent d’être montés, de faire des efforts pour nous et de jouer le jeu de cette vie qu’on leur propose dès lors qu’ils se sentent compris et en harmonie avec leur cavalier.

Marie-Elise Colle
C’est finalement, un couple qui parvient à franchir les obstacles qui se présentent. Et on sait que la vie n’en manque pas !

 

Episode 2 : empathie et compréhension

Michel Robert

Comment intéresser le cheval et lui donner envie de participer à nos activités ?

Il m’arrive de voir arriver dans mes écuries, des chevaux perturbés par de mauvaises expériences du passé. La première chose à faire est de leur redonner le moral pour qu’ils retrouvent leur joie de vivre. Pour cela, il faut bien sûr se mettre en empathie et prendre du recul par rapport à la situation.

Généralement, je commence par une phase d’observation du cheval en liberté ou à la longe. Je le laisse s’exprimer dans ses mouvements et j’analyse ses réactions pour essayer de détecter ce qui lui fait plaisir. Je le caresse aux endroits qu’il apprécie, je l’emmène brouter de l’herbe, galoper dans la nature… Commencer par des petits moments de bonheur. « Des petits bonheurs en attendant le grand bonheur » comme on dit. C’est par de petites attentions quotidiennes avec un objectif et en respectant des étapes que l’on parvient petit à petit à installer la joie de vivre chez le cheval.

Avec les chevaux qui ont été beaucoup coincés des mains trop dures, je vais travailler en extérieur en les laissant relever la tête, redécouvrir la nature et ce qui se passe autour d’eux. En allégeant au maximum la contrainte des mains et des jambes, les chevaux reprennent confiance et retrouvent de bonnes sensations avec le cavalier. C’est ainsi que l’on rentre dans un processus de réhabilitation mentale et physique. Non seulement, on redonne le moral au cheval, mais aussi, on fait rebouger son physique et l’énergie dans le bon sens. Donc avoir une attitude d’ouverture qui permet au cheval de respirer et de se libérer des pensées et des comportements négatifs du cavalier.

La joie est indispensable avec tous les chevaux. La contrainte ne fonctionne jamais à long terme. Si on est dur ou trop sévère avec de la colère en soi, immédiatement tout cela vous revient comme un boomerang.

Il faut chercher avant tout, cette complicité qui va permettre d’obtenir la bonne réponse du cheval sans que l’on n’ait plus rien à demander. Cette harmonie ne peut exister que par l’empathie, la joie et l’amour.

Marie-Elise Colle

C’est vrai qu’il ne faut pas oublier d’être heureux quand on est à cheval. Le fait de sourire en allant sauter, en travaillant sur le plat ou en ballade, se dire qu’on a de la chance d’être à cheval, c’est ce qui permet aux chevaux de se transformer et de se mettre en symbiose avec nous. Même si on est train d’apprendre, que l’on fait des erreurs, que l’on arrive par forcément sur la bonne foulée ou que l’on rate une figure… Peu importe, il faut cette notion de bonheur pour que le cheval garde cette envie de faire et de participer à nos activités.

Episode 3 : Comment réagir face à une défense chez le cheval

Michel Robert
Lorsque l’on veut apprendre quelque chose à cheval, l’important est déjà de savoir ce que l’on veut obtenir de lui. Il faut aussi s’assurer que l’on est soi-même capable de le demander et que le cheval à les capacités pour faire ce qu’on attend de lui.

Lorsque l’on se trouve confronté à une défense du cheval, par exemple, passer un ruisseau ou sauter un bidet, dans 95 % des cas la situation est due à de l’incompréhension ou de la douleur. Si le cheval a mal quelque part et ne peut pas faire ce qu’on lui demande, dans ce cas, on arrête tout de suite, car on est plus du tout dans le bien-être animal.

Si on est face à de l’incompréhension, alors il faut demander les choses différemment. Personnellement, j’aime beaucoup imaginer des solutions qui vont amener le cheval à comprendre petit à petit ce qu’on attend lui. L’idée est lui proposer des petits exercices progressifs. En tout cas, éviter à tout prix de mettre son ego en jeu en se disant : » moi, je vais y arriver ». Non, il faut absolument éviter toute violence qui de toute façon ne mène à rien. Je le dit souvent : "Appuyons-nous sur les points forts pour faire disparaître les points faibles". Si votre cheval est raide à droite, commencez par installer les bonnes réponses à main gauche. Une fois que le cheval est dans le confort à gauche, il sera dans de bien meilleures dispositions pour travailler son côté droit.
De toute façon, les chevaux sont beaucoup plus forts que nous, si vraiment, ils ne veulent pas faire quelque chose, ils peuvent. J’ai reçu des tas de chevaux qui avaient eu de mauvaises expériences et qui ne voulaient plus passer des bidets ou même des obstacles tous simples. En redonnant la joie de vivre et en passant par différents exercices, ils sont arrivés à ressauter des obstacles et à refaire de la compétition. Vouloir attaquer de front les problèmes n’est jamais une solution. Par contre, réfléchir, prendre du recul, enlever l’ego et prendre son temps est le meilleur chemin vers la réussite.

Marie-Elise Colle
Quand un cheval accepte de faire une action sur laquelle il s’était bloqué, on voit le bonheur qu’il éprouve, car il est vraiment très fier de lui. Très heureux d’avoir surmonté une difficulté qui finalement était à sa portée. À condition qu’on leur laisse la possibilité de le faire en étant suffisamment à l’écoute et ouvert à d’autres voies possibles.

Michel Robert
Les chevaux sont comme nous, ils ressentent de la fierté d’avoir réussi quelque chose de difficile. Je pense que les humains et les chevaux fonctionnent de la même façon. Avec la parole en moins bien sûr !