Les fondements de la communication cheval-cavalier . Partie 1 : la confiance

Mots Clés
Débutant, connexion avec le cheval, communication cheval cavalier
Référence
ART1
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Niveau de difficulté : Débutant

Photo article la confiance

Quels que soient vos objectifs, votre cheval doit avoir le sentiment que tout ce que vous lui demandez est réalisable, que rien de mauvais ne peut lui arriver s’il se trouve confronté à une situation nouvelle ou insolite.

C’est l’objectif de la “désensibilisation”: faire disparaître les réactions de peur face aux situations génératrices de stress.

Avant toute chose, il importe de savoir analyser les réactions du cheval en tenant compte de sa nature profonde. A l’état naturel, un cheval est une proie programmée pour fuir le danger. Son instinct lui dicte, entre autres, de se méfier des lieux confinés dans lesquels il pourrait se trouver piégé par un prédateur. Le cheval est donc claustrophobe par nature, sa survie en dépend. Pour certains d’entre eux, le simple fait de passer une barre entre deux chandeliers est un danger. Face à ce comportement, la réaction des cavaliers est généralement de penser que le cheval est idiot, qu’il le fait exprès ou encore qu’il joue à se faire peur.
En fait, le cheval réagit comme un cheval, c’est tout. Si la réponse du cavalier est de le sanctionner, le cheval comprendra qu’il a eu raison de se méfier.

Partant de ce principe, punir un cheval parce qu’il réagit comme un cheval, est stupide et ne mène jamais bien loin. Pour certains chevaux, l’obstacle peut devenir un danger, un événement douloureux. A tel point qu’ils deviennent incapables de sauter tranquillement par peur des réactions de leur cavalier. C’est comme si vous receviez une décharge électrique à chaque fois que vous passez par une porte. En punissant votre cheval à chaque fois qu’il saute (mal, de votre point de vue), vous appliquez la même logique : celle du renforcement négatif.

Les meilleurs cavaliers sont ceux qui savent contrôler leur mental et rester zen quelles que soient les réactions de leurs chevaux. Si le cheval est programmé pour fuir, il est aussi programmé pour anticiper les intentions des prédateurs. Il est donc tout particulièrement attentif à vos gestes, à votre comportement et même à votre état mental : peur, colère, satisfaction…
Cette capacité de perception, il faut au contraire être capable de l’exploiter, de la cultiver pour amener le cheval à réfléchir avant d’agir, à chercher la solution au lieu de paniquer.
Tout le travail d’éducation consiste donc à construire le puzzle des solutions pour le cheval pour lui permettre ainsi de trouver du confort et du bien-être physique et mental.
L’idée du puzzle est une notion importante. Si le cheval sent que tout puzzle a toujours une solution, il va analyser la situation avant d’agir.
Pour sa part, le cavalier doit considérer qu’un problème n’est souvent que la partie visible de l’iceberg, la traduction d’un malaise plus profond. Si votre cheval s’arrête devant un sous-bassement, c’est avant tout un manque de confiance. Dans ce cas, il faut recourir à la désensibilisation. Montrer au cheval que le sous-bassement n’est pas un danger pour lui.
Souvent, il est préférable de changer de contexte pour résoudre le problème. Cela permet de déconnecter la réaction de son environnement pour se recentrer sur les véritables fondements mentaux du cheval.
Michel raconte l’histoire de cette jument, complètement terrorisée par les obstacles. Elle s’arrêtait dès qu’elle apercevait un simple sous-bassement ou un bidet. Michel a donc décidé de la confier à un ami. Ce dernier a rééduqué la jument… en lui faisant trier le bétail ! L’idée peut paraître incongrue s’agissant d’un cheval de concours ! Dans le cadre de sa nouvelle activité, la jument avait à franchir divers petits obstacles naturels : elle se retrouvait ainsi face à ses peurs dans un contexte différent. Petit à petit ses appréhensions ont disparu. Tout simplement parce qu’elle trouvait de l’intérêt à son nouveau travail.  La motivation peut venir à bout de bien des obstacles !

Cet exemple, démontre à quel point il est important de travailler d’abord sur les fondements mentaux du cheval. Pour être performant dans son travail, il doit se sentir bien dans sa vie. De même pour vous, comme pour tout le monde ! Comment espérer être bien au bureau, si l’on est mal dans sa vie ? Si le quotidien de votre cheval est un calvaire pour la douche, la tondeuse, les transports, les soins… comment  espérer que les choses se passent bien dans son travail ?

Pour autant, le cheval n’est pas un humain. Les mauvaises intentions, l’envie de faire mal ne font pas partie de son mode de fonctionnement. Il est primordial de vous enlever de la tête qu’il est capable de faire quoi que ce soit, volontairement, contre vous. Seuls les hommes et certains primates en sont capables. On entend souvent les cavaliers dire : « Mon cheval m’embarque, il est vicieux… ». Non ! Votre cheval ne vous embarque pas. Il s’en va, c’est tout ! Il ne fait rien de personnel contre vous, c’est un cheval. S’il met un coup de cul, c’est que vous le gênez. A vous de chercher d’où vient le problème. Souvenez-vous : “Le cheval est notre miroir”. Alors, regardez en lui, vous y verrez peut-être l’image d’un cavalier en colère, ignorant, terrorisé… Acceptez l’idée que la réaction du cheval n’est qu’une réponse à votre propre façon de faire ou de penser. Même si pour certain, il est plus facile de donner une claque que de réfléchir. Malheureusement, la violence est trop souvent une réponse à l’ignorance.

Pourtant la seule voie pour progresser est celle de la connaissance. Accepter de se connaître soi-même. Accepter de reconnaître que l’on ne fait pas tout pour que le cheval soit bien. S’il donne des coups de cul, peut-être que votre position est mauvaise, que vous le gênez avec vos éperons, que vous l’avez laissé au box la veille parce que vous aviez autre chose à faire… Nous avons tous beaucoup à gagner à nous remettre en question. Avant de juger le cheval, commencez par vous regarder vous-même. Encore une fois, acceptez l’idée que les réactions de votre cheval puissent provenir de votre propre attitude ou de vos actions. Lorsqu’il réussit quelque chose de bien vous y parvenez aisément ! Faites-en de même en cas d’échec ou de problème. Le jour où vous aurez compris cela, vous serez vraiment sur la bonne voie pour progresser… et votre cheval aussi !

 

Michel Robert et Andy Booth . Propos recueillis par Karine Cante

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