L'harmonie cheval-cavalier avec Pénélope Leprévost et Michel Robert

Les propos qui suivent ont été recueillis lors du Masterclass Pénélope Leprévost et Michel Robert 2020. L’accueil des participants a été l’occasion d’aborder la vision de l’équitation de nos deux grands champions et de répondre aux questions des auditeurs et cavaliers du stage. Le thème de la relation et de l’harmonie avec le cheval est bien sûr au cœur de la méthode que cherchent à promouvoir Pénélope et Michel…

Michel Robert

Nous avons tous besoins de solutions. Le monde évolue très vite, tout comme les esprits, la conscience, l’équitation, les parcours, les chevaux… Ce que nous souhaitons vous transmettre, c’est bien entendu de la technique, mais aussi une manière de voir les choses, de l’observation, de la compréhension, la conscience de ce que l’on fait, mieux connaître le mental du cheval et aussi le nôtre… Nous fonctionnons tous un peu de la même façon. Nous avons l’envie de faire, mais nos actions sont entravées par la peur, l’appréhension, des souvenirs qui nous encombrent… Alors comment faire pour balayer ça.
Avec Pénélope, nous sommes sur le même chemin. Nous évoluons nous aussi sur ces sujets. Nous avons la chance de participer ensemble à des concours comme le Sunshine Tour où nous allons nous rendre au printemps. Nous nous conseillons mutuellement et cette collaboration nous fait grandir.
Si vous êtes à la recherche de conseils, c’est que vous aussi vous avez envie d’évoluer, de changer vos habitudes. Pour cela, il faut de la détermination et du courage. Mais c’est bien la passion et l’amour du cheval qui permet d’y arriver.

Pénélope Leprévost

Avec Michel, nous nous sommes rencontrés parce que nous avons la même façon de voir les chevaux, l’équitation, la compétition… Je participe à des événements comme le Masterclass parce que ce que je fais tous les jours me rend heureuse : ma relation avec les chevaux, la compétition… Je vois beaucoup de cavaliers passer à côté de beaucoup de choses avec leurs chevaux. J’aimerais les aider en leur faisant passer quelques messages, leur transmettre mon ressenti et essayer de leur faire vivre leur relation avec le cheval à 100%.

Michel Robert

On voit des cavaliers se heurter en permanence aux mêmes problèmes, alors qu’il existe des solutions simples que l’on aimerait leur apporter.
Nous voulons aussi défendre la cause des chevaux et faire en sorte qu’ils vivent bien leur relation avec le cavalier, qu’ils se fassent plaisir. C’est ce qui nous permet à nous aussi d’être heureux à leur contact.
La priorité pour progresser est d’être attentif à tout ce qui peut aider le cheval à mieux fonctionner, et sans se faire mal, dans tous les mouvements que l’on va lui demander : accélérer, ralentir, tourner, sauter, faire une pirouette au galop, un appuyer... C’est pourquoi nous insistons beaucoup sur l’amélioration de la position. On le voit souvent grâce aux vidéos sur Horse Academy, plus on se rapproche de la position idéale, plus les actions sont justes et efficaces. C’est le cas de Pénélope qui est proche de la perfection dans son fonctionnement. A chaque fois qu’elle fait une action, elle obtient la réponse parfaite.
Je m’aperçois de plus en plus que les problèmes ont été créés par des actions souvent inconscientes qui vont à l’encontre de ce que l’on souhaite obtenir. C’est par exemple, le cavalier qui ne s’aperçoit pas qu'il donne des coups d’éperon à l’abord des obstacles et qui se demande pourquoi son cheval fuit dans les réceptions. La solution n’est pas de mettre une embouchure plus forte pour essayer de contrôler le cheval après l’obstacle. On va commencer par faire prendre conscience au cavalier de ses actions de jambes.
Face à un problème, je vous invite à simplifier les choses… au lieu d’en rajouter en permanence : plus de jambes, plus de mains, plus d’enrênements…
Je parle souvent de cette recherche de la cause première. D’où vient le problème : le cheval a eu telle réaction… Qu’est-ce que j’ai fait juste avant qui aurait pu déclencher ce comportement.

Pénélope Leprévost

Je mise beaucoup sur le ressenti, l’harmonie cheval/cavalier. Le comportement des chevaux nous donne beaucoup d’indications sur ce qu’il faut faire ou pas, ce qui est bon ou pas pour eux. Je trouve qu’on ne les écoute pas assez. Par exemple, quand je m’assoie un peu plus comme ça, le cheval n’est pas content : il met les oreilles en arrière, fouaille de la queue, accélère… Par contre, quand je suis plutôt dans telle position, je sens qu’il se décontracte.
Je pense qu’il faut chercher à créer une vraie relation avec chaque cheval. C’est toi, Michel qui m’a appris à fermer les yeux pour mieux sentir comment se déplace le postérieur droit, l’antérieur gauche… S’intérioriser pour être vraiment à l’écoute de ce qui se passe dans le corps et la tête du cheval.
Quand la connexion est vraiment installée, le simple fait de penser à tourner suffit… le cheval tourne sans mains, sans jambes…
C’est quand même un vrai bonheur de faire un parcours avec des énormes obstacles en étant en harmonie parfaite avec le cheval. Avoir cette véritable connexion : le cheval saute… et me dit : « Là, tu veux quoi ? »… Deux grandes foulées… « ok un peu en avant »… l’instant d’après, il attend… Ce sont des moments extraordinaires à vivre.
Je travaille mes chevaux pour arriver à cela. On peut ressentir la même chose en faisant des parcours à 1m10. Même si on fait une Georgette, on s’en fiche, car c’est quand même l’harmonie avec le cheval qui va permettre d"éviter la faute. Cette communication cheval/cavalier permet de vivre des instants incroyables et au final, en ne faisant presque plus rien…

Michel Robert

Oui, c’est ça la belle équitation. On ne voit plus rien de l’extérieur. Le cheval tourne à droite, à gauche, accélère… Mais le cavalier ne bouge pas. Les deux sont connectés par le mental uniquement.
Je me souviens de Sissi de la Landes, une jument avec laquelle j’ai participé aux championnats du monde. Elle était tellement connectée que le simple fait de penser, de se préparer à demander, suffisait à ce qu’elle commence à faire le mouvement. Il ne fallait aucun geste, pas de main, pas de jambe… Juste avoir une bonne position. C’était impossible de reculer la main ou de donner un coup de jambe, sinon, c’était la catastrophe. Il ne fallait pas bouger, juste penser. Comme dit Pénélope, ce sont des moments fantastiques.

Pénélope Leprévost

C’est comme Ratina, une jument très importante dans ma vie. J’avais une connexion incroyable avec elle. J’ai fait des parcours à 1m60. Elle est double sans faute dans la coupe des Nations d’Aix la Chapelle. Elle ne mesurait que 1m56 – 57, mais dans sa tête, elle croyait qu’elle faisait 2 mètres ! Elle ne marchait pas au pas, elle ne freinait pas, n’accélérait pas… Mais par contre, j’avais une exceptionnelle connexion avec elle. Il suffisait que je pense : « Attention, à la barre de derrière… là, reste avec moi… ». Si je tirais dessus pour freiner, c’était finit ! Finalement, cette jument n’a jamais été vraiment dressée. En fait, on lui a appris à fonctionner sans se faire mal. J’ai vraiment essayé de trouver une communication avec elle. J’ai le sentiment qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui ont pu avoir cette relation avec elle. J’ai dû m’adapter à ce qu’elle acceptait de faire. Il a fallu la muscler, lui apprendre à galoper rond, à respirer… et puis après, on faisait comme on pouvait, mais on avait un même objectif toutes les deux : faire sans faute !

Michel Robert

Oui c’est certain que gagner le Grand Prix de Cannes et faire tout cela avec cette jument paraissait totalement irréalisable. Même en rêve !

Pénélope Leprévost

Je me souviens, au début sur le paddock au Sunshine Tour, j’étais avec elle dans un coin, à pied. Pas sur son dos, sinon elle se retournait et me mangeait les jambes. Tu me gardais l’obstacle, je montais sur Ratina et elle partait à fond sur l’obstacle… je m’arrêtais à l’autre bout et je redescendais…

Michel Robert

Il fallait vraiment y croire. La plupart des cavaliers auraient pensé que ce n’était pas possible. Quand on se trouve face à de telles difficultés et qu’on arrive à les résoudre, ce sont des grandes victoires. Ça vaut plus que les médailles, plus que de gagner des Grand Prix !

Pénélope Leprévost

Ce qui est important dans les situations difficiles avec un cheval, c’est d’arriver à faire passer des messages positifs. Face à un problème, ne pas monter en pression et garder une attitude positive. Chercher la moindre petite réponse qui va dans le bon sens et tout de suite faire comprendre au cheval que « oui, c’est ça que je te demande ». La fois d’après, on recommence la même chose et le cheval commence à comprendre. Et il enregistre rapidement les bons comportements.

Michel Robert

Au final, il faut toujours que le cheval se sente bien dans son corps. C’est ce qui va permettre d’apaiser son mental. Comme je le dis souvent, il faut que les séances se terminent toujours bien. Les chevaux sont d’accord pour participer à ce que nous faisons, mais ils aiment aussi se faire plaisir.