Vous êtes ici

Votre cheval parle de vous !

Mots Clés
ART84, gérer le comportement du cheval, gestion des émotions, contrôle mental, améliorer la connexion avec le cheval

Il est surprenant de constater à quel point le cavalier et le cheval s’influencent mutuellement tant dans leur comportement mental que physique. Ceci est vrai plus particulièrement chez des couples cavalier/cheval habitués à travailler ensemble depuis longtemps.

D’un cavalier à l'autre...

Lorsque je monte le cheval de quelqu’un d’autre, je ressens très rapidement cette influence. A tel point qu’en n’y prenant pas garde, il est très facile de tomber soi-même dans les défauts du cavalier habituel.

Dernièrement, je montais un cheval régulier, équilibré et surtout parfaitement calme sur le plat. Après la détente, je décide de travailler sur quelques obstacles très bas pour commencer. A quelques foulées d’un petit obstacle, je ressens tout à coup une inquiétude anormale chez le cheval : sa respiration se bloque, ses mouvements perdent de leur souplesse. Le cheval saute mais son geste est comme paralysé par la peur. Quelques mètres après la réception, tout redevient calme et le cheval reprend une respiration normale.

Il n’était pas difficile de comprendre que le cheval reproduisait le comportement de peur de sa cavalière habituelle. Le danger aurait été de me laisser entraîner dans le jeu du cheval. Je pense que, très rapidement, ma propre respiration se serait elle aussi, bloquée avant chaque obstacle.

On peut citer bien d’autres exemples. Un cavalier qui monte les mains trop hautes, s’assied dans sa selle d’une certaine façon. Le cheval, pour compenser la gêne occasionnée par cette mauvaise répartition du poids de son cavalier, aura tendance à organiser son attitude de manière à souffrir le moins possible. Si vous montez ce cheval, rapidement vous aurez tendance à prendre vous-même le même défaut que le cavalier parce que le cheval dans son comportement et son attitude vous renverra dans cette mauvaise position.
De même, s’il vous arrive d’être tendu et préoccupé, le cheval va percevoir vos contractions et se bloquer lui-même. Et ceci, habituellement, dans la même partie du corps que vous : la mâchoire crispée ou le dos raide.

Les humains sont des êtres d’habitude

Je constate d’ailleurs régulièrement que les mêmes cavaliers montent souvent les mêmes types de chevaux. Un cavalier qui a monté pendant longtemps un cheval avec une technique et un style particulier aura tendance à reproduire et à rechercher la même configuration avec tous les chevaux qu’il va monter. Les humains sont des êtres d’habitudes et ont tendance à recréer en permanence les mêmes situations. Je me souviens d’une cavalière qui avait beaucoup gagné en compétition avec un cheval chaud, la tête en l’air et l’encolure à la retourne. Aujourd’hui, tous les chevaux qu’elle monte ont la même attitude. Je suis persuadé que ce manque d’analyse de sa part la fait passer à coté de nombreuses autres expériences. Expériences, qui, très certainement, lui permettraient de progresser dans son équitation. C’est aussi très dommageable pour ses chevaux qui, inévitablement, souffrent dans cette attitude fausse et contre-nature. A court terme, tous finissent d’ailleurs par présenter les mêmes pathologies.

Retrouver sa vraie nature...

Pour faire face à ces situations, où le cavalier a tendance à rendre son équitation dépendante des habitudes ou des défauts du cheval, il est primordial de se concentrer en permanence sur ses propres sensations et de conserver sa position de base. Et ceci, jusqu’à ce que le cheval sente qu’il y a un confort supplémentaire à fonctionner dans une attitude normale.
Il m’arrive souvent de prendre comme point de départ le physique du cheval, ceci dans l’objectif de le placer par la suite dans des dispositions mentales favorables à un travail de qualité. Je commence, par exemple, par une détente en longe. Sans cavalier sur le dos, le cheval peut bouger librement et mettre son physique en place pour être plus disponible dans son corps lors du travail monté.
Je peux aussi travailler en partant d’une analyse de mon propre état mental ou physique. Il est important d’avoir un comportement libéré de toute contrainte de peur, de ressentiment, de vouloir… En bref, être soi-même, c’est à dire avoir une répartition équitable de son énergie entre ses actes, ses pensées et son ressenti. Si les émotions, la peur ou la colère, dominent, les capacités d’analyse sont altérées et les actes perdent de leur efficacité. La communication ne peut plus s’établir avec le cheval de manière claire et compréhensible pour lui.
Une fois que “la tête” est en place, il est possible de se concentrer à partir d’un mental libre pour travailler son physique en se rapprochant le plus possible de la position idéale. Ce n’est qu’à cette condition que le cavalier et le cheval pourront réellement être en phase.