Nous avons évoqué précédemment (cf l’article « votre cheval parle de vous »), à quel point le cheval et le cavalier s’influencent mutuellement avec parfois des conséquences négatives lorsque les défauts d’un cheval se transmettent d’un cavalier à l’autre. Nous savons aussi que pour retrouver l’harmonie avec le cheval, le cavalier doit retrouver un fonctionnement le plus proche possible de la perfection. Cela passe avant tout par un mental libre de toute perturbation extérieure à l’action du moment.
Restez centré sur vos sensations
Ma méthode consiste à faire en permanence ma check-list mentale : à quoi je pense ? Ce sujet est-il d’actualité avec l’instant présent ?... Tout ce qui est extérieur à l’action du moment doit être éliminé. L’important n’est pas d’ignorer les préoccupations qui se présentent dans ma tête, mais simplement d’en prendre conscience, pour les classer dans le dossier des affaires à étudier plus tard lorsque je serai à pied. Sans concentration, il ne peut y avoir de communication efficace avec le cheval. Il faut donc vous efforcer d’avoir un mental à cent pour cent dirigé vers vos sensations, la perception des événements et l’analyse de votre physique et de celui de votre cheval, pour préparer l’exercice à réaliser. Au moment de l’action tous les paramètres auront été pris en compte et vous pourrez “laisser passer” le mouvement sans intervention du mental. Le geste s’effectue alors dans l’abandon de tout jugement, de tout contrôle ou de tout objectif de réussite. On retrouve cela dans le tennis par exemple, lorsque le joueur réalise le geste pour servir, il doit lâcher prise, déconnecter son mental de son physique pour “laisser faire” le mouvement.
La recherche de la cause première
Pour parvenir à cet état de lâcher prise, la première chose à faire, lorsqu’une information vous parvient, c’est de ne pas vous fier aux apparences. Personnellement, avant d’agir ou de réagir, je m’accorde toujours une à deux secondes de réflexion pour analyser la situation. Je cherche avant tout à déconnecter ma réaction physique de mon mental. Pour cela, je m’attache à rechercher la cause première et non pas à m’en tenir à une simple vision ou sensation des choses. Ceci est d’autant plus vrai si vous manquez d’expérience. Rechercher en permanence la cause première est une bonne méthode pour ne pas se tromper et progresser.
Un exemple édifiant
A l’occasion d’un CSIO, je me trouvais dans la tribune des cavaliers et je regardais passer les concurrents. Un cavalier était sur le point de réaliser un sans faute mais en fin de parcours… son cheval s’est arrêté sur le dernier obstacle. J’entends les quelques cavaliers spectateurs de la scène s’exclamer : « Quelle sale bête ce cheval ! S’arrêter juste sur le dernier ! » J’avoue qu’une telle réaction m’a dérangé. Je n’ai pas résisté à la tentation d’aller voir ce cavalier après l’épreuve pour lui demander de me parler de son refus. Ce dernier, tout comme les spectateurs, était persuadé que c’était son cheval qui avait décidé tout seul de s’arrêter. Je lui proposai donc de ne pas s’en tenir à cette seule explication mais de rechercher la cause première du refus en partant plutôt de son mental à lui et non pas de celui du cheval. En analysant bien sa propre attitude à l’abord de l’obstacle, le cavalier s’est rapidement rendu compte qu’en fait tout était parti de son mental à lui. Son cheval était hors de cause. En passant devant la tribune des cavaliers, il avait tout à coup laissé son esprit partir à l’extérieur. Il s’était mis à penser à ce que les autres penseraient de lui, de sa façon de monter. A partir de cet instant, ses gestes avaient perdu leur spontanéité : le cavalier voulait trop bien faire. Sa réaction fut de planter ses éperons dans les flancs de son cheval qui répondit à cette agression soudaine et injustifiée en se bloquant et en refusant de sauter. Les actions du cavalier avaient été dictées en réaction à une donnée extérieure que le cheval ne pouvait pas comprendre et qui brouillait la communication. Dans ce genre de situation, il est intéressant pour le cavalier de se poser la question : « Si mon cheval était monté par un grand cavalier, aurait-il réagi de la même façon ? » et dans le cas présent, « Se serait-il arrêté sur le dernier obstacle ? » Nous en revenons une fois de plus à la concentration du cavalier… à suivre
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