Bien acheter son cheval : les conseils de Michel Robert

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L’achat d’un cheval est un moment important dans la vie d’un cavalier. Surtout pour un amateur qui a besoin d’établir une vraie relation de confiance avec son cheval. D’où l’intérêt de bien définir ce que l’on veut avant de lancer ses recherches. La discipline pratiquée, le niveau équestre, l’âge et la morphologie du cavalier, mais aussi ses objectifs sont à prendre en compte pour faire le bon choix. Michel Robert, cavalier, coach et préparateur de chevaux depuis plus de 50 ans, répond à vos questions et vous fait part de ses conseils d’expert.


Lorsqu’on est amateur, est-il préférable d’acheter un hongre plutôt qu’une jument ?

Si sur le plan sportif, les juments sont tout aussi performantes que les hongres ou les entiers, il faut néanmoins savoir qu’elles sont généralement plus sensibles. Bien que ce ne soit pas systématique, leurs cycles ovariens induisent un comportement un peu instable qui peut les rendre plus compliquées à comprendre et à utiliser sur le plan équestre. On voit beaucoup de juments très chatouilleuses, voire grincheuses, coucher les oreilles ou fouiller de la queue au moindre contact de la jambe du cavalier.
Au moment de l’achat, il est donc important d’avoir conscience qu’une jument peut s’avérer plus délicate qu’un hongre, que ce soit à pied, dans le travail monté, les transports, au paddock…
Pour ce qui concerne les entiers, ils sont plutôt à réserver aux professionnels qui sauront mieux gérer leur comportement dominant et impulsif.

Les origines sont-elles un critère important lorsqu’on souhaite acheter un cheval ?

En ce qui me concerne, j’ai une préférence pour les chevaux français. Non par chauvinisme, mais plutôt parce qu’ils réunissent la plupart des qualités que l’on apprécie chez un cheval de sport. Ils sont performants, intelligents et pratiques. Que l’on soit amateur ou professionnel, c’est ce que l’on recherche en priorité. Pour le saut d’obstacle, on privilégie les chevaux réactifs et capables de s’adapter facilement à toutes les situations. De grands champions comme le Suisse Steeve Guerdat adorent les chevaux français justement pour ces qualités qu’on ne retrouve pas forcément dans le sang étranger, qui apporte, certes, de la force, mais aussi un comportement plus compliqué à gérer. Les chevaux allemands, notamment, demandent plus de soumission et la plupart du temps, il est nécessaire de bien les cadrer par un dressage plus poussé et un bon suivi dans le travail de tous les jours.
Avec un selle-français, on peut se permettre de jouer un peu plus et en général, il aime bien cela.

Que faut-il privilégier en terme de morphologie et de tempérament du cheval ?

On choisira bien sûr un cheval adapté à la morphologie de son futur cavalier. Certains sont plutôt des chevaux de femme et d’autres des chevaux d’homme. Si le cheval va être monté par une petite jeune fille, on évitera bien sûr les chevaux trop forts et trop violents, et on s’orientera au contraire vers un modèle calme, léger et dans le sang.
À l’inverse, pour un cavalier un peu lourd, on recherchera un modèle fort et bien charpenté. À ce propos, l’observation du dos, à pied, sans la selle, est importante, car elle permet de déterminer si le cheval sera capable de bien porter son cavalier. Si la ligne du dessus manque de musculature, le cheval sera plus délicat et si le cavalier est suffisamment expérimenté, il devra œuvrer pour lui construire un bon dos par un travail adapté et progressif.
À l’inverse, un cheval avec un dos très dur et très rigide, manquera sans doute de souplesse, mais sera bien plus à même de porter le cavalier.
Concernant les aplombs, il convient d’y être attentif, mais on constate qu’aujourd’hui, il y a de moins en moins de chevaux cagneux ou panards.
On s’attachera également à observer la façon dont le cheval se propulse. A-t-il de l’énergie ou non. Certains cavaliers aiment les chevaux très calmes qu’il faut prendre dans les jambes, tandis que d’autres préfèrent avoir à contenir un cheval avec du sang.
A ce propos, lorsque les cavaliers sont en recherche d’un nouveau cheval, ils ont tendance à faire des comparaisons avec un ancien cheval qu’ils ont beaucoup aimé. Ils aimeraient retrouver le même, mais bien sûr, ils n’y parviennent jamais. Il n’y a jamais deux chevaux pareils, tout comme il n’existe pas deux humains identiques. Et heureusement.
Tous les chevaux sont différents, y compris lorsqu’ils sont issus du même père et de la même mère. J’ai eu une jument avec laquelle j’ai été deuxième aux championnats du monde. J’ai acheté sa propre sœur qui avait un an de moins. Cette dernière n’avait rien à voir avec ma championne. On peut dire qu’elle était vraiment anti-douée en saut d’obstacles.
Bien sûr, cela n’empêche pas de constater des traits de caractères communs à certaines lignées de chevaux.

Quel est l’âge idéal pour un cheval d’amateur ?

À mon sens pour un cavalier amateur, il convient surtout d’orienter son choix vers un cheval ayant déjà de l’expérience. Le vieil adage : « A jeune cavalier, vieux cheval » reste toujours d’actualité. Pour autant, il est aussi important de bien se renseigner sur le passé du cheval. Si l’objectif est de pratiquer la compétition, il est important de connaître son comportement dans les transports, au paddock avec les autres chevaux et bien sûr en piste.
Bien entendu les résultats sont une indication, mais il faut aussi tenir compte de la façon dont le cheval a été monté. Selon le niveau de ses cavaliers précédents, les résultats du cheval peuvent être plus ou moins significatifs. Pour autant, si l’objectif est de faire de la compétition, il vaut mieux s’abstenir d’acheter un cheval qui est éliminé tous les week-end, quand bien même il aurait été monté par un mauvais cavalier. L’accumulation de mauvaises expériences laissent des traces dans le mental et le physique du cheval et il sera forcément difficile de les effacer, surtout si vous manquez d’expérience.

Comment procéder pour l’essai du cheval avant l’achat ?


La première des règles est déjà d’avoir confiance dans le vendeur. Certains veulent vendre à tout prix et poussent les cavaliers à acheter des chevaux qui ne leur correspondent pas du tout. Certains veulent vendre à tout prix et poussent les cavaliers à acheter des chevaux qui ne leur correspondent pas du tout.
Pour ce qui concerne l’essai, faite vous accompagner par une personne compétente qui connait votre niveau. De même, si vous manquez d’expérience, il est toujours préférable de ne pas monter directement le cheval. Observez d’abord le cheval évoluer sous la selle d’un cavalier plus aguerri. Notamment à l’obstacle, il est important de prendre beaucoup de précautions, car les chutes lors des essais sont assez courantes.
Observer le cheval en mors simple, sans éperons et bien sûr, sans enrênement est un bon test. Vous pourrez mieux juger si vous serez capable de contrôler ou de stimuler son énergie.
Bien entendu, n’hésitez pas à tester aussi le comportement du cheval face à divers obstacles : bidets, murets, sous-bassements…
Une fois en selle, il est important de vous sentir en confiance. Le cheval doit vous apporter une certaine sérénité, notamment dans les abords et les réceptions d’obstacle.
Je conseille aussi d’essayer le cheval plusieurs fois, quitte à le monter 2 ou 3 fois dans une même journée.
Et attention aux coups de foudre pour un cheval… L’important est quand même de bien vérifier s’il correspond vraiment à ce que vous recherchez.

Quels sont vos conseils à propos de la visite d’achat ?


Si vous pensez avoir trouvé la perle rare, il reste effectivement l’étape de la visite vétérinaire. C’est un point important, mais c’est aussi un véritable casse-tête pour tout le monde : le vétérinaire, le vendeur et l’acheteur. À tel point que dans le monde des courses, on ne fait presque plus de visites vétérinaires d’achat. On s’est aperçu que parmi les grands cracks, nombreux sont ceux chez qui on avait détecter des problèmes physiques à la visite. La médecine a tellement évolué que l’on est capable de déceler le moindre petit défaut dans le corps du cheval. Donc, finalement, on trouve toujours des raisons de mettre des réserves. Il est bien sûr normal que les vétérinaires se protègent, cela fait partie de leur métier. On voit cependant des chevaux gagner de grands internationaux en CSO alors qu’ils avaient été condamnés à la visite vétérinaire. Finalement, personne ne sait plus à quel saint se vouer.
Il faut donc avoir conscience de tout cela et prendre la décision d’achat en sachant comment tel ou tel défaut physique sera susceptible de gêner ou non le cheval sur le long terme, surtout au regard de l’activité à laquelle vous le destinez.
On constate aussi qu’au-delà d’un certain âge, les choses sont souvent bien calées, sous réserve d’utiliser le cheval dans de bonnes conditions. Quand les chevaux se plaisent bien dans leur travail et leur environnement, ils n’ont que très rarement des problèmes de santé. Par contre, lorsque le cheval est perturbé mentalement, notamment si son cavalier doute de lui, c’est effectivement à ce moment-là que les ennuis commencent.
Donc, pour en revenir à la visite vétérinaire d’achat, je pense que le monde du cheval est en pleine période de changement. Chacun va devoir reconsidérer sa manière de voir les choses, aussi bien les vétérinaires que les vendeurs et les acheteurs.
De mon point de vue, on peut prendre le risque d’acheter, même si la visite du cheval n’est pas parfaite. Il faut savoir passer sur certains défauts, sinon on s’expose à ne jamais acheter. D’ailleurs, le cheval parfait à la visite ne sera pas forcément celui qui vous conviendra ou n'aura jamais de problèmes de santé.

Au final, il faut aussi tenir compte du passé des chevaux. Certains peuvent ne pas avoir été bien traités. J’ai connu des chevaux qui détestaient les humains lorsqu’ils sont arrivés dans mes écuries. Au bout de quelque temps, ils ont appris à nous faire confiance et à bien vivre à nos côtés. Avec de l’expérience, de la compréhension et un travail dans le bon sens, il est toujours possible de changer le comportement et le physique d’un cheval.
Alors, si vous venez d’acheter un cheval, vous avez maintenant la responsabilité de lui assurer une belle vie : en bonne forme physique, heureux aussi bien dans son nouvel environnement que dans toutes les activités que vous allez lui proposer.

C’est d’ailleurs tout l’intérêt des messages que je souhaite vous faire passer par le biais des leçons sur Horse Academy. Au-delà de l’amélioration de votre niveau technique, mon objectif est bien de vous proposer une vision de l’équitation toujours plus en accord avec la nature profonde du cheval.

 

 

 

 

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